7 techniques radicales pour hacker une maison passive

  • Pratiquer le Design Énergétique
  • 05 Mai 2021
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(et diviser par 10 les consommations énergétiques sans travaux)

 

Il y a de multiples raisons de s’intéresser aux bâtiments à très faibles consommations énergétiques…

Peut-être votre projet est-il de construire un bâtiment passif ou à très basse consommation, pour y vivre confortablement avec des charges frisant le ridicule ?

Peut-être vivez-vous dans un logement « normal », mais cherchez comment diminuer drastiquement les coûts liés à l’énergie ?

Peut-être encore concevez-vous des bâtiments pour d’autres, en vous engageant à viser la performance la plus élevée possible ?

Enfin, peut-être devez-vous gérer un parc immobilier vieillissant dont les charges d’exploitation sont trop élevées, et malgré un audit « réglementaire », vous ne savez pas par où commencer ?

Ce sont toutes de bonnes raisons de s’intéresser au sujet de la très faible consommation énergétique dans les bâtiments.

Aujourd’hui, j’ai tendance à voir ces sujets comme l’alpinisme de haute altitude, que j’ai pratiqué dans ma jeunesse. 

 

Huascaran Sur - 6768 m en autonomie sans oxygène

 

Globalement, il y a deux stratégies pour aller visiter les zones où l’oxygène se fait rare…

La première, c’est la méthode historique : on met sur pied une expédition avec une armée de porteurs, la grosse cavalerie, des tonnes de matériel.

C’est coûteux, souvent peu élégant, souvent « politique ». C’est la méthode « traditionnelle », celle des grandes conquêtes et de dérives, de l’invention de l’alpinisme sur le Mont Aiguille en 1492 aux embouteillages sur l’Everest.

Mais presque plus personne ne fait comme ça…

L’autre méthode, beaucoup plus rapide et légère, demande des qualités que la première méthode ne demande pas nécessairement.

L’agilité, la rapidité, le sens de l’itinéraire, l’engagement…

On appelle cela « le style alpin ». Partir léger. Aller vite. Sans oxygène et sans porteur.

C’est comme cela que j’allais en montagne, et c’est comme ça que le design énergétique permet d’aborder aujourd’hui la conception énergétique : en redéfinissant les règles du jeu, dès le départ.

Cet article vous présente 7 « hacks » de la conception énergétique. Je parle de « hack » au sens noble, des modifications de l’approche qui permettent de déverrouiller la réflexion.

En les appliquant, on peut diviser par 2, 5 ou 10 les consommations. En réalité, on peut aller aussi loin et aussi vite qu’on le souhaite…

Il s’agit de faire de la conception énergétique une expédition rapide et agile.

Mais pour cela, comme en montagne, il y a une part de mise en danger.

Il va s’agir d’aller dans ces lieux où les problèmes énergétiques deviennent autre chose  qu’un calcul, une discussion de comptoir sur un forum ou la certitude un peu hautaine d’un bureau d’étude…

Alors, on y va ?

 

Hack n°1 : Vivre comme un super héros

Principe de base du design énergétique des bâtiments : la performance à étudier n’est pas celle du bâtiment, mais celle du couple habitant + bâtiment.

C’est valable pour n’importe quel objet ou service. Mettez une ménagère de 50 ans dans la Batmobile, ça ne fonctionne pas. Mais Batman dans une Twingo, ça ne marche pas non plus…

 

 

Partant de là, il y a deux manières de concevoir un couple (habitant + bâtiment) parfait.

 

1. Concevoir sur étagère

Concevoir « performant », c’est très facile si vous êtes en mesure de définir à la fois la méthode d’évaluation, les outils de mesure et les critères de performance.

C’est ce que font toutes les approches réglementaires et normatives. Par exemple, une maison PassivHaus est évaluée avec des conditions de température intérieure de 20°C sans abaissement nocturne. Un bâtiment de bureaux, même E4C2, est évalué sur des scénarios conventionnels.

Ça fonctionne d’autant mieux que votre vie est proche des hypothèses retenues pour la conception. Les « maisons passives » marchent très bien pour les gens qui aiment vivre dans des « maisons passives ».

Dans l’immense majorité des cas, des ambiances uniformes, une maîtrise précise des paramètres, un univers plutôt technologique, un investissement souvent en conséquence, et une logique techniciste plutôt rigide.

Si vous aimez ça, c’est parfait. Vous pouvez arrêter votre lecture ici.

Mais cela ne veut absolument pas dire que cette manière de procéder soit la seule permettant d’accéder à un habitat passif - zéro énergie.

Peut-être n’avez-vous pas envie de vivre comme d’autres l’ont prévu ?

C’est l’autre manière de concevoir. Celle du super-héros.

 

2. Concevoir sur mesure

Cette méthode de conception est celle des gens pour qui un « bâtiment passif » ou « autonome » n’est pas un but, mais un moyen d’avoir la vie qui leur correspond.

Ces gens-là ne parcourent pas les rayons (peu variés) du magasin de « bâtiments passifs ». Ils ne se contentent pas d’acheter un produit sur étagère et de faire un peu de tuning (bricoler les surfaces vitrées, un peu d’aménagement intérieur et extérieur, choisir un modèle de VMC, un poêle, de la déco, et hop !) en pensant faire « de la conception ».

Ces gens-là n’acceptent pas qu’on leur dise à l’avance ce qui est autorisé ou pas.

Ils décident de la vie « zéro énergie » qu’ils veulent mener, par exemple comme expliqué dans cet article. Ils sculptent, avec l’aide de professionnels créatifs et compétents, les ambiances qu’ils souhaitent.

Ils savent que le but, c’est le résultat réel, dans le monde réel.

 

Concrètement…

Vous voulez réellement « construire passif » ? Alors commencez par vous demander, très sérieusement, très concrètement et très précisément comment vous voulez vivre.

Prenez une feuille, et écrivez des choses simples, concrètes. Concentrez-vous sur ce qui vous semble indispensable.

Par exemple :

  • pour dormir, je veux une chambre fraiche à moins de 17°C
  • j’aime vivre les belles journées de printemps avec les fenêtres grande ouvertes
  • je veux voir une flamme quand j’ai besoin de chaleur

Dites de ce que vous voulez vivre. Vous avez le droit. C’est votre vie. Vous en êtes le héros / l’héroïne. (Si vous êtes concepteur, demandez à votre client.e)

Si ensuite on vous propose un produit catalogue (par exemple la maison-super-isolée-bioclimatique-avec-poêle-automatique-VMC-double-flux-et-puit-canadien), demandez-vous vraiment si votre vie rêvée pourrait s’y épanouir… ou si vous n’êtes pas en train d’acheter un kit pré-défini…

 

Hack n°2 : Les derniers seront les premiers

 

Puisque l’immense majorité des conceptions ne parvient pas à une authentique « conception passive », vous maximiserez vos chances d’y arriver en faisant exactement le contraire de ce que fait la majorité.

Ce n’est pas compliqué. C’est déstabilisant, voire effrayant. Mais c’est d’une absolue simplicité.

Vous vous demandez probablement, à ce stade, en quoi consiste « faire le contraire de tout le monde » ? En voici les deux principes :

 

1. Couper les ponts

Voici la définition d’une maison passive telle que présentée sur le site www.lamaisonpassive.fr :

"Une maison passive consomme 90 % d’énergie de chauffage en moins qu’une construction existante. Et 50 % de moins qu’une maison nouvellement construite selon la réglementation thermique actuelle (RT 2012)."

De quoi parlons-nous ? De partir de ce qu’on a toujours fait (mettre du chauffage), pour « en faire le moins possible ». Ce n’est pas un changement de logique. C’est une démarche absolument classique, traditionnelle, confortable, poussée dans ses extrémités.

En suivant ces recettes, il n’y a aucune re-négociation des hypothèses de base, de ce qui est « normal » : il y a du chauffage (mais moins). Il y a de l’eau chaude (mais moins).

Au fond, rien ne change…

Vous voulez réellement « concevoir passif » ? Alors partez du principe que le « zéro énergie » est la règle. Que tout ce que vous ajouterez est une dérogation.

Soyez essentialiste.

N’ajoutez un système énergétique que si, vraiment, vous ne pouvez pas faire autrement.

Choisissez un lieu où vous n’aurez pas besoin d’avoir un véhicule à essence.

S’il ne vous faut pas d’eau chaude au robinet de la cuisine, n’en mettez pas. S’il vous faut seulement 20 litres d’eau chaude par jour (vraiment sûr ?), faites seulement cela. Pas 200 litres.

 

2. Les derniers seront les premiers

 

Commencez par les transports. Avez-vous trouvé un lieu qui vous permettrait de vivre sans voiture à essence ?

Concentrez-vous ensuite sur les usages électriques puis sur l’eau chaude.

Et enfin, tout à la fin, sur le chauffage.

Faites cela, parce que c’est le plus difficile, et parce que c’est l’ordre « thermique » logique. L’électricité, une fois utilisée, devient de la chaleur qui peut contribuer aux besoins de chauffage.

(En design énergétique, nous appelons ça la « cascade énergétique ». Ce n’est pas un amusement : cela découle très logiquement des principes de la thermodynamique)

 

 

Hack n°3 : L’inépuisable énergie du vide

Les concepteurs de chauffage s’appliquent, avec talent, à faire des appareils de chauffage qui consomment le moins possible et fournissent le meilleur service possible.

De même pour les concepteurs de systèmes d’eau chaude, ou d’autres services.

Bref : tout le monde s’échine à ce que « ça fonctionne bien » quand « ça doit fonctionner ».

Normal…

Mais fort peu de concepteurs attachent de l’importance au « silence énergétique ». À ce que l’énergie se taise quand on ne lui demande rien.

À ce que les machines qui ne doivent pas fonctionner ne fonctionnent pas.

Cela paraît simple… En réalité, c’est peut-être trop simple.

 

Concrètement ?

Évidemment, beaucoup de gens veulent sauver la planète ou vivre avec zéro énergie. Fort peu parviennent à appuyer avec discipline et constance sur un interrupteur ou à prendre une douche à moins de 20°C…

Mais pourquoi ceux qui le veulent et son prêts à le faire, ne pourraient-ils pas le faire ? Il suffit parfois de rendre l’action plus facile, de savoir qu’elle est possible pour l’organiser.

Regardez autour de vous. Traquez ce qui est inutile, éteignez, coupez… Faites-en une expertise, un sujet d’étude et de conception. Demandez-vous toujours : « comment puis-je être sûr.e que cet appareil est éteint quand il ne sert pas ? ». Bien entendu, cela s’applique aussi quand ce n'est pas vous qui devez l’utiliser…

 

Hack n°4 : Oubliez le confort, trouvez la volupté

Imaginez manger le même menu à chaque repas pendant 1 an.

Imaginez passer votre vie dans un environnement à température constante.

Ça vous tente ? Ce serait pourtant « confortable », au sens où ce mot est utilisé pour concevoir les bâtiments aujourd’hui.

Regardez par la fenêtre. La vie n’est que contraste et changement. Le cycle des saisons donne le rythme aux plantes, aux animaux tels que le lièvre, l’hirondelle ou l’homme (jusqu’à récemment).

Comment en est-on arrivé à poser des définitions telles que  : « Il y a surchauffe si la température est > 25°C » (www.lamaisonpassive.fr), alors que des milliards de personnes vivent, depuis des siècles, à des températures équivalentes ou supérieures ?

La vie est faite de contrastes. Ou plus précisément : nous nous nourrissons de contrastes.

Et lorsque les contrastes sont absents, nos sens dépérissent.

C’est valable pour le sens thermique.

 

Et concrètement ?

Si vous envisagez une construction neuve, et selon le principe « couper les ponts », commencez par considérer que vous n’aurez aucun chauffage.

Puis, « sculptez » l’espace thermique. Si vous n’aviez qu’un ou deux points chauds, où se trouveraient-ils ? Comment organiseriez-vous l’espace ? Où aimeriez-vous vous blottir ? Et où cela vous semble-t-il superflu d’apporter du « chauffage » ?

Et si vous pensez que la réglementation « interdit » de concevoir ainsi… souvenez-vous que personne n’utilise les locaux selon les scénarios réglementaires. Est-ce interdit ? Bien sûr que non. Rien ne dit qu’un équipement « réglementaire » sera nécessairement utilisé. Il est encore permis de ne pas allumer le chauffage ou de couper l’eau chaude si on n’en veut pas…

 

Hack n°5 : Soyons honnêtes avec les chiffres

Nous avons vu à quel point un chiffre comme la température peut faire oublier de quoi nous parlons vraiment. Le contrôle et l’interprétation des chiffres permet de décrire la réalité sous des angles différents.

C'est une chose de dire qu'un bâtiment "consomme  23 kWh/m2/an".

Dans le vrai monde, ce même chiffre dira des choses très différentes selon que le bâtiment en question :

  • abrite 2 ou 6 personnes
  • fait 80 ou 280 m2

Et ne parlons pas des fantaisies sur le périmètre d'évaluation : là où certains parlent "besoin de chauffage" quand d'autres parlent de "consommation primaire conventionnelle sur 5 usages réglementaires", et d'autres encore "tous usages". 

Les colloques professionnels ont souvent droit à leur séquence "comparaison de quequette" autour des "performances" comparées et affichées de tel ou tel projet..

C'est un sport, un loisir ou une publicité.

Cela n'en fait pas une science.

 

Et concrètement ?

Si vous voulez réellement savoir où vous en êtes, et si vous êtes authentiquement sur la voie du « passif », soyez rigoureux et :

  • soyez honnête avec le périmètre de calcul : intégrez au moins les 4 postes principaux (chauffage, eau chaude, électricité tous usages et transport). Ne jouez pas à celui.celle qui ne veut pas voir…
  • soyez honnête avec l’unité : n’utilisez les unités « par m2 » que pour réfléchir, mais regardez toujours les chiffres « par personne » et « bilan annuel ». Au final, ce sont les seuls qui vous disent la vérité.

 

Hack n°6 : Ne pas changer l’argent en merde

Connaissez-vous Cloaca ?

Il existe aujourd’hui dix exemplaires de cette machine fascinante, dont chacune a un coût de construction d’environ 200 000 dollars, ce qui permettrait de construire une maison honorable.

Beaucoup pensent que Cloaca est une machine à fabriquer de la merde.

C’est faux.

Design énergétique - cloaca

Cloaca est une machine à transformer des ressources (temps, argent, matériaux) en controverses et en cash.

Mais quel rapport avec une maison passive ?

Celui-ci : la maison (passive ou pas) n’est pas un objectif, mais un moyen. Comme Will Delvoye avec Cloaca, vous investissez des ressources (votre temps, votre argent, votre enthousiasme, de l’expertise, etc.) pour fabriquer un objet.

Êtes-vous au clair sur l’objectif de cet objet ? Si vous pensez que l’objectif est de construire (ou rénover) un bâtiment qui consomme peu d’énergie, alors vous dépensez votre argent dans un objet qui est comme un Cloaca qu’aucun musée n’exposerait.

Plus précisément, vous pouvez envisager deux scénarios typiques.

Soit vous créez effectivement une maison passive pour le simple plaisir de fabriquer une maison passive. Vous êtes dans une démarche proche de celle de l’artiste. Vous dépensez votre argent de poche dans un loisir qui s’apparente au tuning de maison. Cela vous permet de passer agréablement votre temps libre. Dans ce cas, la question du budget ne se pose pas en terme de « rentabilité » ou « d’efficacité », mais de plaisir.

Et il n’y a pas de mal à ça.

L’autre scénario possible, c’est que vous voulez produire un résultat, et la maison passive est un moyen de l’atteindre.

Vous êtes alors dans une démarche à la fois d’artisan et d’entrepreneur. Vous ne dépensez pas votre argent, vous l’investissez au mieux au vu du résultat attendu. Il ne s’agit pas de temps libre et de loisir, mais d’un objectif à atteindre, d’une étape au service d’un dessein plus grand.

Dans ce cas, chaque euro investi doit s’évaluer en fonction de l’objectif à atteindre, qui n’est pas la maison elle-même.

De notre expérience, une meilleure vie se décline, pour les personnes en recherche d’habitat passif, selon deux axes :

  • de meilleurs services : plus de plaisir, se sentir bien, se sentir en harmonie avec le lieu, trouver du sens, avoir la maîtrise
  • de plus faibles impacts : moins polluer, moins consommer, être plus résiliants, etc.

Dans une telle démarche, une utilisation judicieuse du budget ne peut se faire qu’en posant une question comme : « ce que je paye ici est-il le meilleur endroit où mettre de l’argent pour atteindre mon objectif ? ». Et pour cela, vous devez être capable d’évaluer le résultat, l’impact de votre argent.

 

Et concrètement ?

Comme vos ressources ne sont pas infinies, commencez là où c’est le plus facile : les surfaces. On vous dira partout qu’il est impossible de prévoir un budget au m2. C’est vrai.

Mais vous pouvez tout de même faire une chose : décider de la priorité. 95% des personnes commencent par imaginer une surface idéale. Puis rament pour payer des prestations suffisantes.

Faites le contraire. Appliquez la règle « Les derniers seront les premiers »

Puisqu’on vous dira sur internet que le budget moyen d’une maison passive est de 1700 à 2000 €/m2, décidez que vous avez, par exemple 2500 €/m2.

Puis comptez votre argent, et déduisez-en la surface que vous allez construire, et tenez-vous y. Votre objectif sera d’avoir moins de m2, mieux faits. Pas d’en avoir le maximum, en empilant les compromis.

Vous pouvez bien sûr ajuster ces chiffres, ces « calages », mais vous avez compris : appliquez le principe « faire moins, mais mieux ».

 

Hack n°7 : Appelez la ligue des héros

Anders Ericsson est un psychologue célèbre pour avoir développé la « théorie des 10 000 heures ». On peut la résumer ainsi : pour passer maître dans une discipline, il faut totaliser 10 000 heures de pratique.

Concrètement, cela représente 10 ans de travail si on y passe 20 heures par semaine.

Bien souvent, ce qu’on appelle une « conception énergétique » ou une « étude thermique » se résume à recopier des chiffres dans un tableau ou dans un logiciel, à cliquer sur le bouton « calculer », et à reproduire cette séquence une cinquantaine de fois.

Enfin, on sort un rapport…

Et souvent, on envoie la facture.

Une telle démarche n’entre pas vraiment dans le cadre de la « théorie des 10 000 heures », parce qu’il ne s’agit pas à proprement parler d’expertise. Plutôt de maîtrise d’un outil. Pour produire une « étude thermique » classique, il suffit d’avoir un mode d’emploi du logiciel et d’un peu de pratique.

C’est la différence entre « savoir se servir d’une scie et d’un rabot » et « être un ébéniste accompli ». La différence entre un cuisinier et un grand chef.

L’expertise réelle implique le recours à une analyse juste, une adaptation des réflexes et outils aux situations complexes, ainsi qu’une aptitude au dialogue, à la remise en question et une quête de l’excellence.

Concevoir un système habitant + bâtiment passif ou à zéro énergie relève de l’expertise.

Si vous vous intéressez au sujet, vous êtes probablement dans l’un ou l’autre des deux cas suivants :

  • Soit vous vous intéressez au sujet lui-même. Par curiosité intellectuelle, par militantisme ou pour toute autre raison, vous vous passionnez pour l’énergie, la conception de bâtiments, la haute performance. Formidable ! Les routes de la maîtrise vous sont ouvertes, et si vous vous investissez avec passion et courage, vous atteindrez la maîtrise. Il vous faudra environ 10 000 heures, selon les études de Anders Ericsson et son équipe, soit 10 ans de travail en y passant 20 heures par semaine.
  • Soit vous vous intéressez au résultat : vous souhaitez vivre dans une authentique maison passive. Vous aurez besoin de trouver quelque part des compétences telles que, classiquement, l’énergétique, les structures, l’architecture, etc. Vous pouvez bien sûr les acquérir par vous-même, ce qui vous prendra entre 10 et 20 ans. En aucun cas vous n’y parviendrez avec 10 jours de formation, ni 300 heures de vidéo, ni même 2 ans à l’école. Ou vous pouvez acheter le temps de ceux qui ont acquis la maîtrise, et la mettent à votre service, pour atteindre le résultat rapidement de manière fiable.

Cette réflexion reste valable même si vous êtes un professionnel du bâtiment ou un.e architecte. Et ça ne signifie non plus que l’auto-conception ou l’auto-construction sont impossibles. Seulement qu’il faut se mettre au clair sur ce qu’on veut.

Vous ne partiriez pas en Himalaya en ayant seulement lu des livres et fait 2 stages à l’UCPA… Si vous êtes pressé.e et n’avez pas 10 ans, vous prendrez un guide.

Vous voulez concevoir un bâtiment passif, un vrai ? Comportez-vous en sélectionneur. Trouvez les joueurs de votre équipe, sachez évaluer leur niveau, payez-les en sachant ce qu’ils vous apportent et menez-les vers votre objectif.

 

Hacker un bâtiment passif : conclusion

La construction « passive » ou « basse énergie » fait rêver, et c’est bien compréhensible. Il y a une élégance très actuelle à utiliser peu d’énergie et de ressources.

Mais ne nous trompons pas : notre monde et notre époque ont besoin d’un mode de vie à basse énergie. Pas de bâtiments passifs. Pas nécessairement.

Pour vous, que le sujet passionne, deux voies sont possibles :

1- La première est celle de la basse énergie telle qu’elle est habituellement comprise et présentée. Parfois, cela fonctionne. Mais il y a un risque véritable qu’au moindre écart (de votre mode de vie, du climat, des réglages, etc.), les contre-références soient au rendez-vous. Elles se traduisent par des performances insuffisantes et/ou des ambiances insatisfaisantes. (J’en parle en détail dans ce livre)

 

2- La deuxième est celle que nous avons esquissée ici. Elle est fondée avant tout sur votre mode de vie, considéré comme le premier véritable paramètre de conception. Elle suit ensuite une logique qui, bien que très différente des pratiques habituelles, est pourtant l’ordre logique de réflexion énergétique.

 

Dans tous les cas, si vous n’avez pas une stratégie cohérente appuyée sur une logique claire et exhaustive, même avec des moyens importants, les résultats seront décevants.

 

Les thèmes que nous avons abordés dans cet article sont exactement ceux du design énergétique. ils sont appliqués avec succès depuis plus de dix ans, pour résoudre des centaines de problèmes énergétiques de toutes sortes.

Si vous les appliquez avec rigueur et honnêteté, les résultats ne peuvent qu’être au rendez-vous.