
L'innovation qui révolutionne la Transition Énergétique
Rares sont les inventions permettant d'envisager un avenir énergétique radicalement différent. Bien souvent, quand on entend parler d'une de ces "révolutions", cela s'avère au final bien décevant. Mais la technologie que je vous présente aujourd'hui fait exception. D'abord parce qu'elle est techniquement simple, donc robuste. Mais surtout parce qu'elle change complètement notre regard sur une activité majeure de notre société : l'attente.
J’ai longuement discuté avec avec le chercheur Michel Bonvin, du Centre de Recherche en Énergétique Universitaire (CREU) avant qu’il accepte que je vous parle de cette technologie révolutionnaire. Tout ce que vous trouverez ici est donc sous son contrôle.
Je suis sûr que vous finirez cet article convaincu qu'en matière de Transition Énergétique, le mieux est certainement d'attendre !
(Je signale que cet article a été publié le 1er Avril 2018, journée mondiale de la pêche en eaux troubles - les informations qu'il contient, ainsi que les commentaires, sont donc à considérer avec prudence)
Comme souvent avec les grandes idées, celle-ci commence avec des articles de presse parus dans le Figaro et dans les Echos. Ceux-ci mentionnent une piste de danse à récupération d’énergie. Lorsque les gens dansent, la piste produit de l'électricité. L'idée est élégante et fait du buzz un temps sur internet. Pour Michel, c’est l’illumination : voilà une technique potentiellement brillante, mais mal appliquée.
Expert depuis vingt ans des systèmes de récupération énergétiques, Michel est un pionnier. Il a contribué aux récupérateurs d'énergie de freinage installés sur le métro de Paris comme à d'ingénieux systèmes installés sur les collecteurs d'eau grise.
Ecoutons Michel expliquer son raisonnement. D'abord le constat de la mauvaise application de la technologie: "Récupérer l’énergie de danseurs en boite, c’est voir petit. Les clubs sont ouverts 3 jours par semaine, les gens dansent énergiquement pendant 2 heures à peine, car après, ils sont trop saouls ou sourds ou amoureux. Sans compter que tout le monde ne va pas en boite. Le gisement énergétique est donc minuscule et ponctuel." Limpide. Cela me rappelle presque la fausse bonne idée sur le chauffage des églises.
Mais où se trouverait alors le bon gisement ? Michel Bonvin : "Les files d’attente… Nous passons plusieurs jours par an à attendre. Les files d’attente sont partout : services publics, transports, commerces, etc. Et il y a plus fort : plus la file est longue, plus les gens s’agitent, donc plus ils génèrent d’énergie."
Le gisement est gigantesque, décentralisé, et l'énergie primaire... gratuite. L’idée de Michel Bonvin, donc, est d’exploiter l’énergie des files d’attente. De rendre utile la plus inutile de nos activités. Pour ma part, je trouve qu'on touche au pur génie.
L'attente : un gisement d'avenir pour la Transition
Cette invention révolutionnaire rejoint pleinement l’actualité, car la saison s’annonce riche en grèves. Et qui dit grèves, dit… multiplication des files d’attentes ! Un TGV annulé ? Ce sont mille personnes énervées pendant des heures. Il suffit de les faire attendre sur le Waiting Floor de Michel Bonvin pour qu'elles alimentent la gare.
Jusqu’à aujourd’hui, les grèves plongeaient notre beau pays dans un marasme économique profond. Un article de La Croix parle de vingt millions d'euros par jour de grève SNCF. Grâce à l’invention de Michel Bonvin, c’est fini ! La grève devient productrice d’énergie renouvelable. Les manifestations associées sont un gisement complémentaire. Équipons le trajet Bastille-République de dalles actives, et chaque défilé sera générateur d’électricité renouvelable.
Quantité d'énergie et équilibre du réseau
Le fait de capter cette ressource énergétique présente un autre avantage considérable plus difficile à saisir, car contre-intuitif. On parle de boucle de rétroaction négative production-demande, en anglais négative in-out energetic feedback. Le principe est simple, illustrons-le par un cas concret. Un adolescent laissé libre est consommateur d'énergie : il tweete, il geeke, il surfe sur l'internet, envoie des messages vidéo, etc.
Mais laissons-le attendre et s'ennuyer 6 heures par jour sous un contrôle ferme (en classe, par exemple) : sa consommation énergétique diminue radicalement. Imaginons dès lors que ce temps devienne producteur d'énergie, et c'est banco ! L'adolescent consomme moins ET produit plus. Un cercle vertueux, avec une technologie beaucoup plus simple que les bureaux debout.
Correspondance simulée entre demande électrique et production renouvelable par les files d'attente (source : Étude CREU/Michel Bonvin)
Cette boucle de rétroaction contribue à l'équilibre du réseau. Dans le cadre d'un projet européen, Michel Bonvin a simulé une année d'équilibre réseau avec une hypothèse d'équipement de 40% des files d'attente (hypothèse basse). La correspondance des courbes est bluffante. La seule inconnue reste la gestion des pointes de production, comme nous l'explique Michel Bonvin.
"Un évènement comme la Finale de l’Euro pose un épineux problème. En effet, lorsque toute l’Europe trépigne en même temps, impossible de revendre les surplus aux voisins. Je pense que les contrats inter-pays devront rapidement prendre en compte ces phénomènes".
Vers une agriculture (vraiment) durable pour la Transition
Allons plus loin : il n’y a pas que les gens qui attendent ! Pensons aux millions de poulets, vaches, cochons qui ne font que poireauter toute leur (courte) vie. Équipons les élevages de planchers dynamiques de Michel Bonvin (cela devient ainsi le plancher des vaches... sans jeu de mot !), et notre belle agriculture intensive française devient productrice d’énergie.
Évidemment, cela demande de réviser notre conception d'une agriculture durable. Il n'est pas raisonnable de laisser des vaches pâturer ou des poulets courir en plein air. Non : de l’intensif. La Transition Énergétique justifie que l'on fasse des choix courageux pour l'avenir.
Je vous disais plus haut que le gisement est colossal. Certes, la récupération énergétique ne représente que quelques dizaines de watts par individu. Mais cela concerne l'ensemble de la population française, humaine et de bétail ! Je vois là un magnifique exemple de coopération entre l'animal et l'homme au service d'un idéal plus élevé : la Transition Énergétique.
Un véritable projet industriel pour la Transition
Vous l’aurez compris, le concept de Michel Bonvin est une véritable solution d’avenir. À mon sens, il est temps de reconnaitre les erreurs d'investissement. Tous les crédits, aux EPR comme aux éoliennes devraient immédiatement être fléchés sur le développement de cette technologie.
Aujourd’hui, ce projet est à un point de bascule, pour le passage en pré-industrialisation. Les prototypes ont reçu un très bon accueil auprès des instances officielles. Deux installations sont prévues dans les CAF d’Ile-de-France, et plusieurs Préfectures se montrent très intéressées. Seule la SNCF rechigne un peu, arguant que tous les trains sont (presque) à l’heure, et que de toutes façons, les mécontents vont plutôt au bar du coin que trépigner dans les gares.
Reste qu’un tel développement, évidemment, coûte cher. Aujourd’hui, Michel Bonvin cherche des investisseurs à hauteur de 5 millions d’euros. Cette levée de capital doit lui permettre de finaliser le prototype de la version agricole, et d'entamer son adaptation au marché japonais. On sait, en effet, que les files d’attente japonaises ont une typologie très différente des files françaises.
Profondément convaincu de l'intérêt de ce projet, Incub' est partenaire de ce développement industriel. Vous souhaitez investir dans ce projet ? Vous avez raison, pour des raisons environnementales, éthiques, et bien sûr économiques !
N'attendez pas. De telles opportunités ne se présentent pas souvent. Faites le choix de l'avenir !
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