Les 5 piliers de la sobriété

  • Pratiquer le Design Énergétique
  • 12 Septembre 2023
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8 septembre 2023 :

J’étais invité par les amis de EnviroBat Meditérannée à participer à une table ronde sur la sobriété énergétique dans le cadre du salon BâtiFrais. Une table ronde, c’est toujours frustrant, parce que ça ne dure qu’une heure, et que si les intervenants ont des choses à raconter, il n’y a jamais assez d’espace. Et comme en plus, c’était avec mes amis et maîtres Alain Bornarel et Marie-Christine Zelem, il y avait beaucoup à raconter.

À un moment de la discussion, Alain a évoqué ce thème : que pouvons-nous faire, nous, les concepteurs, pour qu’il y ait ensuite de la sobriété ? C’est une question passionnante qui mériterait un livre entier (si un éditeur lit ces lignes…. oui, ceci est une très grande et grosse perche !).
En live, j’ai esquissé en 1 minute un concept que j’utilise maintenant systématiquement, et qui me semble robuste pour aborder cette question de la sobriété. Celui des « 5 piliers ».
Et comme une minute, c’est beaucoup trop court, je me suis dit que ça ne ferait pas de mal d’en parler plus en détail…

SOBRIÉTÉ : LE RÔLE DU CONCEPTEUR

Le point de départ qui me semble fondamental dans mon travail de concepteur, en neuf ou en rénovation, c’est celui-ci : je ne peux rien faire pour assurer la sobriété d'usage.

Dès qu’un être humain (celui qu’on appelle usager) entrera en scène, il ou elle usera de son libre-arbitre. En se fondant sur sa culture, ses croyances, ses besoins, ses urgences, ses contraintes, etc., il suivra des stratégies plus ou moins adéquates (à mes yeux d’énergéticien) pour parvenir à ses fins… des fins que je ne peux que partiellement comprendre, ayant moi-même des urgences, une culture, des croyances et des besoins a priori différents.
Tout ce que je peux faire, c’est concevoir des lieux, des systèmes et des organisations associées qui facilitent les stratégies qui me semblent adéquates.
Voyons-le comme ça : si j’envoie une personne gravir une montagne, tout ce que je peux faire pour qu’elle vive la meilleure expérience possible, c’est préparer la voie. Je peux baliser le chemin et construire des cairns, ouvrir une voie astucieuse qui évite les plus grosses difficultés, équiper les relais en paroi, purger les pierres dangereuses, éditer un topo, etc...
Et cela, je dois le faire en me fondant sur deux choses :
   - mon expérience de la montagne - qui devient, dans le cas des bâtiments, mon expérience de l’énergétique des bâtiments et du fonctionnement des systèmes
    - ma connaissance des alpinistes - qui devient, dans le cas des bâtiments, ma compréhension des gens réels, de leurs possibilités et de leurs contraintes dans leur contexte.

 

Et de la même manière que, en tant qu’ouvreur d’une voie d’alpinisme, je peux faire la liste des conditions qui aideront au succès des prochains ascensionnistes (une ligne d’ascension logique, un équipement de qualité, etc.), je peux lister, en matière de sobriété énergétique, les conditions qui en faciliteront l’émergence.

Ces conditions sont au nombre de cinq, et de mon expérience, elles sont valables en construction neuve comme en rénovation. Elles sont d’ailleurs également valables hors des sujets « bâtiment ». Et je les utilise bien souvent comme une check-list me permettant d’identifier pourquoi tel ou tel comportement « inadapté » s’est installé, et ce que je peux faire pour qu’un comportement plus sobre puisse s’installer.

 

Préalable : ça ne mange pas de pain de le rappeler, puisque je continue à trouver des cas effarants partout où je vais : c’est bien joli de travailler la sobriété sur les usages. Mais les plus gros gisements actuels se trouvent sur des non-usages, c’est-à-dire dans les bâtiments vides, là où il n’y a personne. Avant d’aller emm… des usagers à leur faire changer leurs comportements (par exemple, des élèves ou des enseignants), il est urgent d’aller chasser là où ça n’emm… personne. Dans le cas des écoles… les 80% du temps où le bâtiment est vide et où il ne devrait rien consommer du tout.

 

Ceci étant dit, on peut se pencher sur la sobriété en usage.
(et si vous avez besoin d’aide pour mettre tout cela en place chez vous,
nous pouvons toujours en parler)

CONDITION DE SOBRIÉTÉ N°1 : UNE MESURE QUI PERMETTE LE FEED-BACK

HIVER 2022 :

Nous avons reçu nombre de demandes de structures, publiques ou privées, qui voyaient arriver un véritable « mur de galères ». Entre les factures qui menaçaient d’exploser, les injonctions contradictoires des hiérarchies (à commencer par l’État) et les menaces de fermeture partielles ou totales, c’était la panique.

 

Quand ces gens appelaient, je leur posais systématiquement quelques questions

  • Combien consommez-vous actuellement ?
  • Quelle température fait-il dans les locaux ?
  • Quelle température y fait-il la nuit ?
  • De combien voulez-vous baisser les consommations ?

 

Les réponses étaient, en général, un grand vide. Au mieux, il y avait un suivi mensuel de factures (au service comptabilité). Dans nombre de cas, plusieurs bâtiments étaient rassemblés dans un même paquet.
Bref : personne ne sait vraiment ce qui se passe en aval du compteur. Même quand il y a de la mesure (de consommation, souvent…), il n’y a pas souvent quelqu’un pour ausculter les courbes et en tirer des conséquences sur la gestion quotidienne.
S’il faut une mesure (même imprécise), ce n’est pas uniquement pour le suivi et la bonne gestion. Bien sûr, cela n'empêche pas de se demander pourquoi des milliards d’euros sont dépensés dans des factures sans que personne ne semble savoir à quoi cela sert réellement, alors que nombre de contrôleurs de gestion surveillent les achats de crayons à chaque rentrée…
Il y a aujourd’hui beaucoup d’entreprises qui fournissent des services de surveillance et envoient des alertes en cas de dérives. C’est déjà ça. Cela permet de contrôler que « ça fonctionne comme ça devrait », au moins sur les niveaux de consommation et de puissance.
Mais cela ne permet pas de « faire de la sobriété », parce que ça n’aide pas, a priori, à questionner ce qu’est le « comme ça devrait ».

La mesure dont je parle est différente dans sa nature et dans son objectif. Parce que si on veut que de la sobriété survienne, il faut donner à percevoir un lien de cause à effet. Il nous faut un moyen de donner aux gens dont on espère un comportement sobre un moyen de relier trois choses :

  • une action qu’ils vont effectuer - par exemple, laisser une porte de cave ouverte pendant la nuit.
  • un ressenti - par exemple « il fait nettement plus frais le matin quand j’arrive ».
  • une mesure objective qui leur parle - par exemple « la température à l’arrivée dans les bureaux est 6 degrés plus faible qu’hier ».

 

Il s’agit donc d’organiser une mesure qui parle à ceux à qui elle s’adresse. Pas un truc d’ingénieur, pas forcément une chose électronique : ce qui leur va.

Alors les usagers pourront commencer à s’orienter dans un paysage énergétique, à dresser une carte des enjeux et moyens dans leur contexte particulier.

CONDITION DE SOBRIÉTÉ N°2 DE LA TECHNIQUE QUI PERMETTE D'INTERVENIR

Cela semble d’une affligeante banalité quand on l’évoque. Mais quand on regarde le vrai monde, on ne compte plus les cas où il est juste impossible, ou très malcommode, d’exécuter l’action adéquate parce que l’organe de commande est défaillant ou obscur.
Il y a les robinets de radiateur cassés, les manivelles de volets bloquées par la peinture, les télécommandes perdues, les piles déchargées, les régulations que personne ne comprend, etc...
Il y a un exemple que j’aime beaucoup et qui illustre bien l’enjeu : celui de la porte qui claque.
Bien souvent, pour mettre en place un destockage par balayage efficace, il faut garantir que des portes intérieures restent ouvertes. Le mot important, c’est « restent ». Parce qu’une porte mal réglée se referme. Parce qu’un courant d’air peut la faire claquer. Le travail est donc accompli quand il y a effectivement tous les moyens techniques pour garantir qu’une porte ouverte reste ouverte.

Cela peut prendre la forme de cale-porte fournis à des agents de collectivité. Ça vous fait sourire tellement cela semble « de bon sens » ? Peut-être. Ce n’est même pas la question. Sans cale-porte, les portes restaient fermées. Avec, elles restent ouvertes. Point.

Nous avons tous rencontré la lumière qu’on ne peut pas éteindre. Il y a des millions de personnes, en copropriété, qui n’ont aucun moyen de baisser leur température de chauffage.


Ça ne viendrait à l’idée de personne de concevoir une voiture dont on ne peut jamais arrêter le moteur. Et ça ne viendrait à l’idée de personne ne vendre un parapluie qu’on ne peut pas refermer. Alors si on attend que des systèmes, passifs ou actifs puissent s’ajuster à des besoins, il faut s’assurer que celles et ceux qui doivent les ajuster peuvent effectivement le faire.

CONDITION DE SOBRIÉTÉ N°3 : UNE ORGANISATION QUI PERMETTE D'AGIR

Je visitais une école dont j’avais fait la conception énergétique. Elle comportait une salle d’activité dans laquelle il faisait beaucoup plus chaud que prévu. Lorsque j’ai demandé aux personnes qui y travaillait pourquoi elles n’utilisaient pas les télécommandes pour mettre les protections solaires, elles m’ont répondu : « ben… je ne pense pas qu’on en ait le droit ».

Je sais que là aussi, beaucoup de gens souriront. Mais ce n’est pas drôle.
Pendant des mois, nous avons accompagné des usagers et exploitants réels pour qu’ils mettent en place des comportements simples. Des gens dont la motivations ne faisait aucun doute, parce qu’ils avaient déjà obtenu des résultats impressionnants (voir la Condition n°1).

Dans le travail, nous les avions prévenus que des obstacles se dresseraient sur le chemin… et que c’était même le principal enseignement que nous cherchions : documenter les obstacles (souvenez-vous de la randonnée en montagne !).



Nous n’avons pas été déçus… la liste des obstacles non-techniques s’allongeait chaque jour. Nous avons eu ceux qui s’entendaient dire qu’ils étaient incompétents, ceux à qui on disait « ce n’est pas ton boulot », les « le chef interdit qu’on ouvre les fenêtres », les « le Président veut qu’on laisse le chauffage », les « l’assureur dit que ce n’est pas couvert », les « c’est n’importe quoi, c’est pas comme ça qu’on fait », les « quelqu’un est repassé derrière pour tout annuler », etc...
Dans l’immense majorité des cas, on se heurte à des choses sans fondement réel, des habitudes, des croyances, des petits jeux de pouvoir, des peurs…
Alors patiemment, avec ces usagers courageux, nous allions creuser l’obstacle. Nous avons fait des courriers officiels, nous avons discuté avec des chefs de service, et leur chef, et encore le chef d’au-dessus. Ils ont contacté et discuté avec les concierges, les services d’entretien, les agents de sécurité. Ils ont trouvé LA personne qui voulait bien leur parler et leur fournir un appui.

Et parfois, à force de demander et de s’entendre répondre « non », ils ont simplement fait ce qui leur semblait juste.

Je ne peux pas m’empêcher de citer ce gérant de théâtre municipal qui s’est entendu répondre que « non, il n’y a pas de régulation sur la ventilation, il n’y en a jamais eu, et d’ailleurs, c’est pas ton problème, ton truc, c'est le théâtre, non ? ».

Puis, un peu geek, il s’est penché sur l’ordinateur qui était là avec son vieux Windows. Et il a exhumé la console de pilotage que personne n’avait touché ou configuré depuis des années…

 

Derrière toute question énergétique, il y a toujours une question d’organisation. Dans un monde qui, depuis des dizaines d’années, n’a fait que réduire la participation humaine dans les procédés, on se rend bien compte que ce qui manque quasiment toujours… c’est un être humain.C'est toujours plus facile de faire signer un bon de commande pour 100 k€ de travaux qu'un CDI à temps partiel pour un boulot de tourneur de robinets ou d'ouvreuse de fenêtres... Des travaux, ça peut se faire visiter, j'imagine.


Et nous, les concepteurs, nous n’avons pas le choix : cela fait partie du job de souligner ou concevoir l’organisation qui doit se mettre en place et les mandats qui doivent être donnés pour que la sobriété puisse survenir.

CONDITION DE SOBRIÉTÉ N°4 : DES ALTERNATIVES FACILES ET UTILES

On touche probablement là au cœur de la compréhension de ce qu’est la sobriété énergétique. Nous, Designer énergétique®, avons l’habitude de dire que l’énergétique dans les bâtiments ne se résume pas à l’énergétique des bâtiments.

Il faut le rappeler, parce que quand l’État essaie laborieusement de
nous expliquer ce qu’est la sobriété (ce qu’il ne fait, en réalité, jamais), il prend le problème à l’envers.

Car il oublie (et beaucoup oublient) que si nous consommons de l’énergie, c’est pour fournir un service. Et que sans comprendre ce service, on passe beaucoup de temps à trouver des solutions à un problème mal posé. Si on l’oublie, on passe à côté du fait que la consommation d’énergie est un symptôme d’insatisfaction, comme je l’ai expliqué ici.
Pour qu’on puisse observer « de la diminution des consommations énergétiques dans les bâtiments liée à des changements comportementaux », il faut poser ce préalable : la sobriété énergétique est toujours la conséquence d’un mieux-être au niveau inférieur. Si le symptôme « consommation d’énergie » diminue, c’est le plus souvent parce que le service a été mieux rendu (au sens global), d’une autre manière.
Prenons un exemple simple, basé sur un calcul de PMV… En situation de travail de bureau sédentaire, avec un habillement moyen à 1 Clo et une ambiance à 17°C standard, il n’y a pas à tortiller : la plupart des gens ont froid. Mais si je remonte à 1.5 Clo, tout se passe bien.
Habituellement, le concepteur de bâtiment va dire « mais… je ne peux pas dire aux gens comment s’habiller ». Il a raison. D’autant qu’il n’y connait en général rien en thermique humaine et en comportements. Résultat : il conçoit comme d'habitude (réglementaire, 19°C, etc.), et iil écrit des guides officiels dans lesquels il donne des injonctions générales « car tout le monde doit faire des efforts » et invitant à « mettre un pull ». Occasionnellement, il bride les chauffages pour mettre au pas les « usagers récalcitrants ».


Mais dans le vrai monde, il s’agit en réalité de faire exactement le contraire.


Lorsqu’on utilise la Méthode Design énergétique®, on sait que le chauffage n’est pas un service, mais un moyen parmi d’autres, et de loin pas le plus futé, pour fournir un service de type « confort thermique ». Le moyen le plus rapide et le moins coûteux de casser des consommations de chauffage des locaux, donc, c’est de faire en sorte que le confort soit assuré au plus proche du besoin réel.

Pour que quelqu’un soit bien, je peux par exemple, en utilisant de vraies connaissances en thermique humaine (et pas des généralités) lui fournir des tapis, modifier son fauteuil, lui faciliter l’isolation des épaules ou du dessus des cuisses, ou modifier le rayonnement dans son environnement proche. Ce n’est pas « dire aux gens comment s’habiller ». C’est mettre en place tout ce qu’il faut pour qu’ils s’habillent de manière adéquate. Que le chemin vers le bien-être devienne une évidence.

Dit autrement : je travail d’abord à améliorer son bien-être. Et j’observerai en conséquence une plus grande sobriété sur le chauffage.

CONDITION DE SOBRIÉTÉ N°5 : UNE HISTOIRE QUI AIT DU SENS POUR CEUX QUI LA VIVENT

leUne démarche de sobriété, ce n’est pas une évangélisation. On n’a pas besoin que les gens fassent les choses pour les mêmes « nobles » (du moins, ça rassure de le croire) raisons que nous. Et même, en supposant que c’est en adhérant à nos thèses, comme « le besoin de passer l’hiver » ou « le sens de l’effort commun », que des gens feront ce qu’on considère les bons choix, on s’assure de prendre le chemin le plus douloureux, le plus long, et le moins rapide.
Parce qu’au fond, si ce qui compte avant tout, c’est que le comportement soit changé, pourquoi ne pas s’appuyer sur les bons vieux moteurs qu’on a tous ? Les gens, quels qu’ils soient, ne sont ni bêtes, ni de mauvaise volonté. Ils se débattent, comme nous tous, avec un monde compliqué, et ils le font avec les outils dont ils disposent, pour vivre le mieux possible.
De manière très pratique, quand nous travaillons sur le terrain, nous commençons avec ce qui a déjà du sens : qu’est-ce qui ne va pas ? Qu’est-ce qu’on pourrait améliorer ?
Nous avons la « chance » qu’en 2023, la sobriété a été mal conduite dans de nombreuses structures, avec des « plans de sobriété » parachutés à la va-vite et fondés sur des généralités sans fondement. Il y a donc partout des gens qui ont froid l’hiver, et trop chaud l’été. Et qui l’ont subi, parce qu’on a tenté de leur vendre une histoire de « faire des économies » ou de « s’en sortir tous ensemble ».
Dans la plupart des cas, ils n’avaient rien demandé. Juste qu’on leur permette de faire leur boulot, ce qui est déjà suffisamment compliqué. Alors tenter de leur faire « accepter de faire des efforts »… pourquoi le feraient-il ?
À titre de comparaison, quand on arrive en début d’été, et que nous leur donnons en 2h le moyen de faire baisser la température de 7 degrés du jour au lendemain, en totale autonomie, alors qu’ils se plaignent depuis des mois (des années ?) des ambiances dans les locaux sans avoir reçu, d'après eux, de réponse adéquate… pensez-vous qu’ils mettent longtemps à s’ajuster ?

Bien sûr que non. Ils comprennent immédiatement. Et ils deviennent aussi capables de discerner leur pouvoir, ainsi que les obstacles qui sont dressés sur leur chemin. Et ils prennent très vite goût à les faire tomber…
On peut demander à des gens de « faire des efforts » lorsqu'ils considèrent que nous-même faisons un effort équivalent, et que le dialogue est perçu comme équitable.

Mais bien souvent, la situation est la suivante : des usagers qui évoluent dans un monde qui leur montre, à chaque instant, qu’aucun effort n’est fait pour eux, voire qu’on leur met des bâtons dans les roues.

Que ce soit vrai ou pas, ce n'est pas le sujet, il s'agit de perception. Quand vous crevez de chaud, qu’on vous interdit le pantalon, la clim, l’ouverture des fenêtres, la fermeture des volets, et qu’un chef ou un Président dans un bureau climatisé vous dit que « il va falloir faire des efforts », voire « être exemplaire », vous adhérez à l’histoire ?
Et dans les structures autonomes ou dans les hiérarchies, dans ces lieux où on sait très bien qu’on n’arrive pas à payer les factures ou à rendre les locaux vivables, vous pensez vraiment que ces histoires de « faire des efforts » soit le meilleur moyen d’avancer ?

Bien sûr que non. En revanche, quand on offre en une journée les moyens simples, de respirer, de reprendre le pouvoir sur l'avenir et les consommations énergétiques, tout le monde y va.

C'est l'occasion de découvrir par la même occasion que bien souvent, ça ne représente pas un « effort », mais une amélioration. Et ce sentiment du pouvoir retrouvé peut, aussi, rendre possible quelques changements qui semblaient plus difficiles à première vue.
« Faire des efforts », ce n’est jamais un problème quand ça a du sens. Il y a des milliers de gens qui courent des marathons, se font faire des piercing, courent dans la vallée de la Mort ou prennent des bains glacés tous les jours.
Nous avons passé tout l’hiver 2023, chez Incub’, dans des bureaux entre 11 et 14 degrés. Est-ce que c’était un « effort » ? En tous cas, ce n’était pas toujours thermiquement plaisant, même si nous savons aujourd’hui parfaitement nous équiper pour de telles situations, sans inconfort notable.

Mais nous avons appris, nous avons ri, nous avons expérimenté, et nous n’avons jamais souffert, et absolument jamais en vain. Ce qui était thermiquement parfois difficile nous a fourni un inestimable service information/conscience. Au final, nos bureaux non isolés, classés D, ont consommé sur l’année 5 kWh/m2/an, tous usages. On a fait pareil que les amis de Enertech, mais dans un bâtiment brique/polystyrène non rénové de 1980… Et ça, ça a du sens.

Sobriété énergétique - une histoire de justice ?

Lors de la fameuse table ronde de Batifrais, Alain Bornarel a proposé d’ajouter à ma liste quelque chose autour « de la justice ». Ce truc de « pourquoi faire des efforts si d’autres n’en font pas ? ». À mon sens, cette notion est totalement incluse dans le thème de « l’histoire qui fait du sens ». En effet, quand on a un sentiment d’injustice, l’histoire qu’on nous raconte n’a aucun sens.

Mais surtout… il me semble qu’au fond, c’est cette histoire des « efforts » qui pose problème. Dans tous les cas que j’ai rencontré, c’est justement de raisonner en termes de mieux-être (et non d'efforts) qui fait qu’on arrive à quelque chose.

Ce n’est pas juste une affabulation ou une propagande. La réalité, c’est que dans l’immense majorité des cas, beaucoup d’énergie est consommée pour un service rendu assez médiocre, voire pitoyable. Et c’est là que le champ de la véritable sobriété énergétique devient encore plus passionnant. Parce qu’abordée de cette manière, comme nous le faisons depuis des mois maintenant, on obtient ce résultat très excitant : une sobriété énergétique qui diminue les consommations ET améliore le niveau de service.

Enfin, à titre personnel, ce que je trouve le plus excitant, c’est ceci : lorsque cela se produit, les « usagers », ceux que les concepteurs regardent si souvent comme des perturbateurs indisciplinés, incompétents et retors, retrouvent le pouvoir.

Ils s’enthousiasment et se passionnent pour leurs lieux de vie et de travail dont ils sont, définitivement, les meilleurs experts. Pour peu qu’on veuille bien les écouter et les aider, vraiment.

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