La sobriété énergétique au quotidien : retour d’expérience

  • Vivre le Design Énergétique
  • 01 Mai 2017
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Bien souvent, les exemples de Design Énergétique portent sur des objets. Qu’il s’agisse de bâtiments ou de produits manufacturés, on comprend en général assez rapidement de quoi il s’agit. Concernant les services, le lien est parfois moins évident.


Mais si je vous disais que l’on pouvait faire le design énergétique de sa vie quotidienne, me croiriez-vous ? C’est pourtant ce que je vais vous montrer dans cet exemple réel d’un groupe de familles, quelque part en Savoie.


Ce n’est qu’un exemple… Certains de leurs choix pourront vous sembler extrêmes, d’autres trop modestes. Finalement, ce qui est intéressant dans l’histoire, c’est l’endroit où chacun peut trouver des marges de manoeuvre. Le reste ne dépend que des contextes particuliers…

 

Un point d’entrée : le transport

 

Ces familles ont choisi un beau jour de réfléchir de manière globale leur mode de vie pour y trouver, si possible, plus de cohérence. Derrière ce mot fourre-tout, des conséquences simples : plus de sérénité, moins d’impact sur l’environnement, moins de temps « perdu ». Cette réflexion a trouvé son point d’entrée à travers un sujet énergétique majeur : le transport. En effet, en réfléchissant à la manière dont nous nous transportons, nous pouvons poser deux questions fondamentales : pourquoi nous transportons-nous ? Peut-on faire autrement et/ou moins ?

 

Comme le montre ce graphique issu d’une vaste étude menée sur le territoire , certains motifs de déplacements pèsent particulièrement lourd.
Nos familles se sont attaqué en priorité à trois catégories de déplacement qu’ils considéraient très chronophages :

  • déplacements « domicile- travail » : ils concernent les déplacements du matin et du soir pour se rendre au travail, mais aussi (et ils sont très importants en volume !) les déplacements de la pause de midi.
  • déplacements « pour les courses » : assez rapidement, ces familles voisines se sont rendu compte qu’elles se croisaient assez souvent dans les mêmes magasins. Chacun faisait les courses de son côté…
  • déplacements « pour l’école » : plusieurs de ces familles ont des enfants en âge scolaire. Elles vivent assez mal les « sessions taxis ». De plus en Savoie, le cadre, plutôt rural, est très « mité ». Quatre fois par jour, des centaines de voitures « descendent » vers les villes de vallée. C’est bruyant, polluant, et hostile aux enfants. N’y a-t-il donc pas moyen de faire autrement ?

 

Comment ont-ils fait ?

 

Les déplacements « pour le travail »

 

Plusieurs des « actifs » (au sens de l’INSEE) ont développé une activité à domicile ou en télé-travail, ce qui a naturellement supprimé les trajets quotidiens. Par ailleurs, une bonne partie de ces familles a choisi une commune (Albens) disposant d’une halte TER desservie toutes les heures. Ceux qui ont conservé une activité nécessitant des déplacements l’utilisent fréquemment. Ils rejoignent très souvent la gare à vélo, y compris avec les enfants, avec remorque ou troisième roue.

 

Parmi les « inactives » au sens de l’INSEE, il y a aussi des « actives » qui dont devenues mamans et ont choisi un congé parental. Elles trouvent (contrairement à l’INSEE !) qu’il s’agit d’un véritable travail. Elles ont développé un groupe local de mamans pour ne pas se retrouver seules. Leurs déplacements se font à pied ou à vélo. L’un des actifs est saisonnier, et effectue donc deux fois par an une « transhumance » avec sa famille.

 

 

Les déplacements « pour les courses »

Le système mis en place par ces familles s’est organisé il y a plusieurs années, à une époque où les « Drive » n’étaient pas en place. Globalement, ces personnes ne prenaient aucun plaisir à faire les courses. Elles ont donc décidé de se répartir la corvée : une fois par semaine, c’est l’une des familles qui se charge des courses des trois autres.


L’une des familles fait donc, une fois toutes les 4 semaines, les courses pour toutes les autres et fait la distribution au retour.
Aujourd’hui avec le système de Drive, c’est encore plus simple : chaque famille poste sa commande et définit une heure de livraison commune. Une seule voiture part et fait la distribution pour tout le monde.

Les déplacements « pour l’école »

Deux des familles se sont organisés pour habiter au plus près de l’école, afin que les trajets puissent, soit être fait par les enfants seuls, soit accompagnés à pied ou à vélo. L’une des familles, au terme d’une longue réflexion, a fait un choix très différent, qu’elle décrit ainsi :

 » Fortement impliqués sur les questions d’éducation, nous avions deux possibilités pour résoudre notre allergie aux transports massifs, pour le bien de tous :

  • scolariser nos enfants à l’école publique. Profondément, nous ne le souhaitions pas, malgré une proximité avec certaines institutrices.
  • déménager proche d’une école « alternative » nous convenant : cela aurait remis en cause de nombreux autres choix (retourner à un travail autre, faire garder les plus petits, etc.).
    Nous avons donc opté pour la troisième solution : l’instruction en famille, ou unchooling. Ce n’est pas le lieu ici d’expliquer en quoi cela consiste (voir le livre d’André Stern, « … et je ne suis jamais allé à l’école », éditions Actes Sud, collection Champ des Possibles… ou encore le magazine n°3 du magazine Kaizen).  » 

Il s’agit bien sûr d’un choix très impliquant pour une famille. Bien qu’il dépasse largement le cadre de cet article. Je trouve important de noter que la place du « transport » dans la vie quotidienne, a été le point de départ d’une réflexion beaucoup plus large.

 

Quels résultats  ?

 

Voici quelques chiffres évalués pour l’une des familles, en comparant avec sa situation précédente.

  • Monsieur et madame avaient auparavant un travail « classique », et parcouraient 25 000 km par an. Lorsqu’ils ont déménagé, sont passé en travail à domicile et ont utilisé systématiquement le train/vélo, ils sont passés à… 9000 km/an. Ce kilométrage a légèrement augmenté lorsque des enfants sont arrivés.
  • Il faut dire aussi qu’ils pratiquaient auparavant l’alpinisme et l’escalade de manière intensive. Ce sont bien sûr des activités très gourmandes en transports. Et bien cette pratique là également, ils l’ont transformée ! Pour celà, ils se sont largement inspirés du mouvement Changez d’Approche, initié par l’association Moutain Wilderness.
  • Pour les courses, le calcul est simple : les trajets ont été diminués par 4 ! Le seul inconvénient noté est une impression de se mettre doucement à manger la même chose que les voisins ! En effet, lorsqu’on fait les courses pour d’autres, cela donne envie d’essayer d’autres produits…

Conclusion

Cet exemple me semble à la fois modeste et essentiel. En effet, le Design Énergétique se distingue par la dimension humaniste de la réflexion énergétique. C’est pourquoi il est si important de l’ancrer dans la vie quotidienne. Il y a des milliers de variantes à l’histoire racontée ici, chaque cas est particulier. Mais ce qui subsiste, c’est que la réflexion énergétique ouvre le champ des possibles.

L’énergie a ce pouvoir d’offrir un angle de réflexion sur l’organisation de sa vie. Et cela a beaucoup plus de valeur qu’une simple « recherche d’économie d’énergie ».
Et de votre côté, peut-être avez-vous mis en place des « ajustements » de votre quotidien qui vous semblent relever de telles démarches ? N’hésitez pas à les partager en commentaire, je suis sûr que de nombreux lecteurs seront heureux de découvrir vos expériences.